Harcèlement scolaire : détecter les signes et y faire face

Enfants et Ados / Santé mentale

Le harcèlement est présent partout, y compris en milieu scolaire. Il peut avoir de graves répercussions et doit être pris très au sérieux. Quels sont les signes qui doivent alerter ? Comment aider un enfant qui en est victime ? Pour tenter de comprendre ce phénomène inquiétant, nous avons interviewé Tatiana Djekic, psychologue et professeure agrégée en psychopédagogie.

L'intimidation en milieu scolaire, ou harcèlement scolaire, n'est pas nouveau. Dans la cour de récréation, en classe, sur le chemin de l'école, et même via les réseaux sociaux : les cas de harcèlement explosent. Un enfant sur trois y serait exposé en Fédération Wallonie-Bruxelles. Comment venir à bout de ce phénomène sournois et extrêmement violent ? 

Qu’entend-on par harcèlement scolaire ?

Le harcèlement scolaire touche de nombreux élèves, et ce, parfois dès les maternelles. "On peut tout à fait parler de " harcèlement extra-scolaire ", puisque la frontière entre l’école et " l’extérieur " est fréquemment franchie lors de situations de harcèlement. On peut également citer le cyberharcèlement et toute autre forme de comportement social non-adéquat, amenant l’enfant ou l’adolescent.e à générer un mal-être profond, dont la réponse sociale et comportementale est très souvent l’évitement. L'enfant tente en effet la plupart du temps de se protéger d’une personne, ou plutôt d’un groupe de personnes". 

Comment faire la distinction entre un simple conflit et du harcèlement ?

Il est parfois difficile de faire la distinction entre les deux. Pourtant, les différences sont majeures. Le harcèlement est un comportement agressif intentionnel et répété dans le temps. C’est la volonté de nuire à l’autre pour maintenir une forme de pouvoir sur lui.

Moqueries, bousculades, intimidations, menaces, injures, … Il y a autant de formes de harcèlement que d’enfants harcelés. Un harceleur a beaucoup d’imagination pour justifier son comportement vicieux ", précise Tatiana Djekic. 

Le cyberharcèlement : une manière de persécuter au-delà de la cour de récréation

Avant l'arrivée des réseaux sociaux, l'élève harcelé.e avait droit à un peu de répit, une fois sa journée d'école terminée. Aujourd'hui, le harcèlement n'a plus de limite. Internet n’est qu’une manière de persécuter encore plus la victime, qui peut être harcelée partout, et à tout moment. La première chose à faire quand on est victime de cyberharcèlement, c'est d’en parler à un.e adulte de confiance. Parler n’est pas une démarche facile, mais il s’agit généralement d’un soulagement et c’est un premier pas décisif vers la résolution du problème. La honte ne doit jamais se trouver du côté des victimes.

" Certains parents me demandent s'ils peuvent regarder dans le smartphone de leur adolescent.e. Ma réponse est OUI, sans nul doute ! Votre enfant a en mains un outil beaucoup trop puissant que pour le laisser jouer seul dans un monde d'adultes où il n'a pas encore acquis la faculté de repérer les évènements douteux.
Les parents se doivent de le prévenir, de l'informer, de le questionner sur ce qu'il fait avec son smartphone ". 

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement peuvent engendrer une détresse psychologique extrême, pouvant aller jusqu’au suicide. Ce profond mal-être est parfois difficile à repérer par les parents, car l’enfant ne s’exprime pas toujours verbalement face à cette violence. Soit par peur des représailles, soit par honte. Il y a toutefois des signes avant-coureurs qu’il est important de déceler le plus tôt possible.

"Tout changement brusque dans le comportement de l’enfant  à la maison (perte d’appétit, insomnies, troubles dépressifs, repli sur soi, …) ou à l’école (résultats scolaires en chute libre, absentéisme, phobies scolaires, …) doit alerter l’adulte".

Que faire en tant que parents ? 

Les parents sont souvent démunis face à cette situation et ne savent pas toujours comment agir lorsqu’ils suspectent (ou apprennent) que leur enfant est harcelé.e. Tatiana Djekic nous donne quelques pistes.

Écouter son enfant

Si vous pensez que votre enfant est victime de harcèlement, commencez par l’écouter sans vous positionner. Ne dramatisez pas la situation, mais ne la minimisez pas non plus. Votre enfant a besoin de se sentir entouré.e,  soutenu.e et écouté.e. Rappelez-lui qu’il peut parler sans crainte et que les adultes sont là pour l’aider à mettre fin à cette violence physique et/ou psychologique.

Alerter l’école

La direction et l’équipe éducative ont un rôle clé à jouer. Dès que vous avez connaissance de la situation, agissez. Prenez rendez-vous avec le responsable de l'école, les professeurs, le centre PMS et exposez les faits de manière claire et détaillée. Bon nombre d’écoles ont mis en place des solutions adaptées et efficaces pour lutter contre le harcèlement scolaire. Vous n’êtes pas seul.e face à cette problématique.

Demander de l'aide

Si votre enfant (ou votre ado) ne souhaite pas se confier à vous, ne le forcez pas. Le parent n’est pas un expert en harcèlement. Dans ce cas, acceptez de passer le relais. Le soutien d’un.e professionnel.le de la santé est une très bonne option pour lui permettre d’avoir "un espace" où déposer son vécu.

Pour la Province de Liège, je conseille souvent aux parents de prendre contact avec la cellule Openado. C'est un lieu d'accompagnement psycho-social pour les jeunes de moins de 25 ans et leur famille, où chacun pourra exprimer gratuitement ses inquiétudes et obtenir des réponses psycho-médico-sociales adaptées ".
 

  • Le Numéro Vert Écoute École est une ligne ouverte à tous les membres de la famille de l'élève ainsi qu'aux membres du personnel de l'école. L'équipe est accessible du lundi au vendredi, de 9h à 16h, au 0800 95 580
  • 103-Écoute-Enfant est un service pour les jeunes qui éprouvent le besoin de parler tout en conservant l'anonymat. Le numéro 103 est accessible du lundi au dimanche, de 10h à minuit.

Envisager des mesures d'écartement

Quand l'enfant n'arrive plus à faire face à la situation, des mesures d'urgence s'imposent pour le protéger. L'élève peut être écarté.e sous certificat médical et vous pouvez entamer une procédure pour le changer d'école.

" Les capacités d’adaptation d’un enfant sont grandes et cela lui fait généralement beaucoup de bien de se retrouver dans un nouvel environnement où les " cartes sociales " sont redistribuées. C'est un véritable soulagement pour l'élève et sa famille", conclut la psychologue.

Bon à savoir : votre enfant est victime de harcèlement et vous souhaitez consulter un.e psychologue pour l’aider à surmonter ce traumatisme ? Partenamut intervient dans le remboursement des séances de psychologie indivuelle ou familiale, jusqu'à 320 €/an à raison de 20 €/séance.