Obésité : pas de chirurgie bariatrique sans suivi global

Santé / Chirurgie

L’obésité est une accumulation excessive de masse adipeuse dans le corps. Cet excès de graisse corporelle représente un danger pour la santé, car il constitue un facteur de risque majeur dans bon nombre de maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires ou le cancer.

Comment calculer le surpoids et à partir de quand parle-t-on d’obésité ? Quel est l’état des lieux en Belgique et en Europe de l’épidémie d’obésité déclarée par l’OMS ? Quelles sont les causes et les conséquences de la surcharge pondérale et faut-il inexorablement passer par la chirurgie pour guérir ? Est-ce que la chirurgie bariatrique est remboursée par la mutuelle ? Tentons de démêler ces questions fréquentes.

L'IMC, calcul et classification du surpoids

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit l’obésité comme une maladie chronique lors de laquelle une accumulation excessive de graisse corporelle représente un risque pour la santé. Le standard utilisé pour mesurer la corpulence est l’IMC, l’indice de masse corporelle, qui met en rapport la taille et du poids d’une personne. Plus l’IMC est élevé, plus il y a de masse corporelle par rapport à la taille, entraînant ainsi des risques liés au poids.

L’IMC ou BMI (Body Mass Index) se calcule en divisant le poids en kg par la taille en m². Ainsi, une personne mesurant 1m82 et pesant 83kg aura un IMC de 25.06 kg/m² (calcul: 83kg / 1.82m² = 83 / (1.82 x 1.82) = 25.06).

On parle déjà d’excès de poids à partir d’un IMC supérieur à 25, mais la classification de la corpulence se fait comme suit :

  • Pour un IMC inférieur à 18.5, on considère qu'il y a maigreur.
  • Un IMC entre 18.5 et 25 indique un poids sain.
  • Un IMC entre 25 et 30 suppose un surpoids.
  • Un IMC entre 30 et 40 indique qu'il y a obésité.
  • Pour un IMC supérieur à 40, on parle même d'obésité morbide.

Le surpoids (IMC entre 25 et 30) n’étant pas encore inquiétant, ni dangereux pour la santé, mieux vaut toutefois se surveiller pour éviter d’arriver en situation d’obésité.

Attention, l’IMC est un ‘indice’ de masse ‘corporelle’ et non une donnée absolue. En effet, il ne fait pas de distinction entre les masses osseuse, musculaire, hydrique et adipeuse. Pour mieux comprendre son corps et son poids, l’IMC est donc insuffisant et il peut s’avérer intéressant de se peser sur une balance impédancemètre (chez un diététicien, par exemple). Celle-ci vous indiquera le pourcentage de votre poids qui est composé de masse osseuse, graisseuse et musculaire afin de connaître votre poids idéal.

Chiffres sur l'obésité en Belgique et en Europe

En Belgique, près d’une personne sur deux présente un excès de poids (IMC > 25) et 17% de la population adulte est en obésité (IMC > 30). L’obésité toucherait plus les hommes que les femmes et la moyenne de poids augmente avec l’âge et est plus importante après 50 ans. À l’échelle européenne, on recense trois fois plus de personnes obèses que dans les années 1980 et dix fois plus chez les enfants ! L’OMS qualifie d’ailleurs l’obésité d’épidémie et la considère comme un des plus gros enjeux de santé publique du 21ème siècle. À l’heure actuelle, un adulte sur deux et un enfant sur trois est considéré en surpoids en Europe.

Les causes de l'obésité

Notre mode de vie y est pour beaucoup avec une sédentarité accentuée et une offre alimentaire ‘obésogène’, dont l’apport en graisses et sucres est toujours plus grand. Mais chacun n’est pas égal face la balance. Si on reste purement objectif, la prise de poids s’opère lorsque le bilan énergétique est positif. C’est-à-dire, si l’on ingère plus de calories que le corps ne dépense d’énergie. Le corps stocke alors le surplus sous forme de graisse. Cependant, beaucoup d’autres facteurs entrent en compte et tout le monde n’est pas égal devant la prise de poids.

Pourquoi ? Tout d’abord, il y a de bons et de moins bons métabolismes, qui nécessitent plus ou moins d’énergie pour fonctionner. À apport calorique et activité physique identiques, la prise de poids ne sera pas la même d’un organisme à un autre. À ce niveau-là, il n’y a pas grand chose que l’on puisse faire, puisque ces prédispositions sont tributaires de la génétique.

D'autres facteurs extérieurs peuvent aussi favoriser la prise de poids :

  • Les facteurs psychosociaux: le stress ou l’anxiété liés à des problèmes personnels, des situations familiales ou professionnelles entraînent la prise ou la perte de poids en fonction de chacun.
  • La sédentarité excessive de notre mode de vie actuel ne favorise pas la perte de poids.
  • La prise de certains médicaments peut parfois contribuer à une prise de poids.
  • L’arrêt du tabac: le sevrage nous fait compenser par l’alimentation.
  • Les facteurs hormonaux, comme lors d’une grossesse ou de la ménopause, peuvent faire prendre du poids.
  • Les régimes trop restrictifs à répétition: plus on se prive, plus le corps va stocker quand on recommence à manger, en vue de la prochaine restriction.
  • L’héritage familial et les habitudes alimentaires inculqués dès le plus jeune âge nous poursuivent toute notre vie.
  • La société de surconsommation avec ses produits hypercaloriques et ses campagnes de pub à chaque coin de rue n’aide pas à garder un poids sain facilement.

Si, pour prendre du poids, il faut de toute façon ingérer plus de calories par rapport aux dépenses d'énergie de l’organisme, tous les facteurs précités y contribuent plus ou moins en fonction des individus.

Les dangers de l'obésité et comment les éviter

Si l’obésité est considérée comme un fléau, c’est parce qu’elle est un facteur de risque prépondérant dans l’apparition d’innombrables maladies chroniques ou affections graves. Diabète de type 2, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires, cancers… pour ne citer que les plus fréquents. Si au premier degré, de par la perte de mobilité ou de souffle, le surpoids joue de façon plus ou moins anodine sur la qualité de vie, il peut donc aussi en diminuer l’espérance.

C’est pourquoi il est important que chacun se responsabilise en matière de poids et prenne conscience du danger que représente une surcharge pondérale. Qu’il s’agisse de garder un poids sain ou de perdre le surplus de poids avant l’apparition de maladies. On dit que perdre 5 à 10% de son poids contribue déjà à améliorer la santé et réduit les risques liés à une surcharge pondérale.

La seule bonne prise en charge de l’obésité, c’est d’agir sur le mode de vie tout entier en diminuant l’apport calorique et en améliorant la perte énergétique, c’est-à-dire en augmentant l’activité physique. Rien que l’énoncé de la solution peut décourager bon nombre de personnes en situation d’obésité, c’est pourquoi il est important d’être accompagné et de connaître toutes les options. Entreprendre une perte de poids n’est pas toujours évident, mais il existe des solutions adaptées en fonction de la gravité de chaque cas.

Une approche globale pour perdre du poids

Le premier pas vers un mieux-être, c’est de consulter son médecin, un.e nutritionniste ou un.e diététicien.ne. Après un bilan nutritionnel et en fonction de votre IMC, il ou elle pourra vous conseiller sur la marche à suivre et vous accompagner tout au long de votre parcours.

En effet, il ne suffit pas de manger moins et les régimes trop restrictifs sont à déconseiller sans suivi médical. Ce qu’il faut avant tout, c’est apprendre à manger mieux, c’est-à-dire en fonction de vos besoins, et garder ces habitudes sur le long terme. Ensuite, il faut favoriser la perte énergétique de votre métabolisme, en se mettant à bouger plus.

Ce changement de mode de vie, souvent vécu comme radical par les patients en surpoids sévère, peut être déstabilisant et difficile. C’est pourquoi il est essentiel de l’accompagner d’un soutien psychologique, pour garder la motivation et comprendre les mécanismes qui ont mené au surpoids.

Parfois, des médicaments peuvent être prescrits pour favoriser la perte de poids ou une chirurgie bariatrique peut être envisagée. Mais dans tous les cas, ces solutions doivent s’accompagner d’un changement de mode vie et faire partie d’une approche globale de la santé physique et mentale.

La chirurgie bariatrique : une solution définitive à l'obésité ?

Parfois, la chirurgie bariatrique ou chirurgie de l’obésité peut aider un patient atteint d’obésité à perdre du poids pour qu’il retrouve une certaine mobilité et réapprenne à manger sainement. Mais cela n’est pas toujours le cas non plus et la chirurgie n’est pas le seul recours ni la panacée pour tout le monde. En général, ces interventions sont très invasives pour le patient et sont parfois irréversibles. Il est donc important d’envisager toutes les solutions avant d’y avoir recours et de bien connaître les enjeux.

Quelles sont les différentes chirurgies possibles pour favoriser la perte de poids ?

La sleeve gastrectomie

Plus communément appelée ‘sleeve’, cette méthode consiste à enlever une partie importante de l’estomac pour réduire celui-ci à un tube de 2cm de diamètre et d’une contenance d’à peu près 100 ml. C’est une technique restrictive utilisée dans le traitement de l’obésité sévère ou morbide. Elle a pour but de diminuer sensiblement les quantités d’aliments ingérés. Premièrement, par manque de place dans l’estomac, et deuxièmement, en réduisant la sensation de faim (l’hormone de la faim, présente dans l’estomac est en grand partie réduite puisque ⅔ de celui-ci ont été retirés). Cette opération est irréversible.

Le bypass gastrique

Le bypass ou court-circuit gastrique est la chirurgie de l’obésité la plus couramment pratiquée. Elle consiste en quelque sorte à court-circuiter l’estomac. Celui-ci est divisé en deux pour n’en garder qu’une petite partie opérationnelle et la relier directement au petit intestin (ou intestin grêle) pour y amener les aliments. Cette opération a pour effets la restriction alimentaire - on arrive plus vite à satiété car le volume restant de l’estomac est très réduit - et la malabsorption des graisses, lesquelles ne sont plus absorbées par la partie court-circuitée de l’estomac.

L'anneau gastrique

L’anneau gastrique est une prothèse ajustable en forme d’anneau qui est placée à l’entrée de l’estomac pour en diminuer le diamètre. L’anneau est relié à un boitier sous la peau, par lequel on peut gonfler ou dégonfler la prothèse pour la serrer ou la desserrer. Ce dispositif oblige le patient à manger plus lentement et à bien mastiquer les aliments pour ne pas obstruer le passage.

Le ballon intragastrique ou BIG

La pose d’un ballon intra-gastrique est une opération non-chirurgicale qui dépose, à l’aide d’une sonde gastrique, un ballon dans l’estomac qui sera ensuite rempli d’eau pour occuper une grande partie de l’espace. De ce fait, la sensation de satiété est plus vite ressentie et l’on tend à manger moins. Le ballon doit être retiré après 6 à 10 mois. Cette solution est proposée dans des cas moins sévères ou aux patients devant perdre quelques kilos avant une chirurgie plus invasive.

Quand puis-je me faire opérer et est-ce remboursé par la mutuelle ?

Les critères pour prétendre à une chirurgie de l’obésité sont strictes. Il faut aussi être conscient que ces interventions ne sont pas anodines et ne garantissent pas, à elles seules, des résultats de perte de poids. Une prise en charge globale et médicale est nécessaire ainsi qu’une réelle volonté de changer son mode de vie. C’est seulement en changeant son alimentation et en augmentant l’activité physique à vie que l’on pourra obtenir et maintenir une perte de poids.

De même que pour être éligible pour la chirurgie bariatrique, il faut satisfaire à plusieurs critères pour prétendre à un remboursement de la mutuelle. Au moment de l'intervention chirurgicale, vous devez avoir au moins 18 ans et votre IMC doit être égal ou supérieur à 40. S'il est égal ou supérieur à 35, un remboursement est possible, mais il faut qu'au moins une des comorbidités suivantes soit associée :

  • diabète traité par médicaments.
  • hypertension résistant aux traitements définie par une pression sanguine égale ou supérieure à 140/90mmHg malgré un traitement pendant un an par prise simultanée de 3 hypertenseurs.
  • syndrome d'apnée obstructive du sommeil objectivé au moyen d'un examen polysomnographique.
  • réintervention après complication ou résultat insuffisant d'une intervention bariatrique précédente.

Vous devez aussi avoir suivi pendant au moins 1 an un traitement par un régime documenté sans obtenir de résultat stable. Votre médecin traitant doit transmettre un formulaire standard de notification par courrier personne au médecin-conseil.

Si vous remplissez ces conditions, vous devez obtenir l’annexe 77, délivrée par l’INAMI.

Une fois ce document reçu, votre mutuelle peut prendre en charge une partie des frais pour les interventions de sleeve gastrectomie, bypass gastrique ou d’anneau gastrique, à condition d’avoir eu l’accord du médecin conseil préalablement à l’intervention. Aucun remboursement n’est cependant possible pour le ballon intra-gastrique.

La chirurgie ne guérit pas l'obésité

En conclusion, rappelons que la chirurgie bariatrique peut aider à perdre du poids, mais que c’est le comportement alimentaire qui doit être traité dans sa globalité, ainsi qu’un changement de mode de vie.

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