Quels vaccins seront utilisés ? Sont-ils efficaces ? Provoquent-ils des effets secondaires ? Seront-ils gratuits ? Qui sera prioritaire pour se faire vacciner ? La vaccination contre le coronavirus soulève de nombreuses questions qui peuvent susciter l’inquiétude. Une bonne information est primordiale pour pouvoir faire son choix en toute confiance.
La Belgique, comme le monde entier, traverse une crise sanitaire sans précédent qui a d’importantes conséquences sur notre société et notre économie. Selon les derniers chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le nombre de personnes contaminées par la Covid-19 s’élève désormais à plus de 74 millions dans le monde et le nombre de décès à 1,6 million. Avec quelque 17 millions de cas et 307.000 décès, les Etats-Unis sont le pays le plus touché à ce jour. La France compte 2,4 millions de cas et plus de 59.000 décès, tandis qu’en Belgique, 615.000 cas et plus de 18.000 décès ont été recensés au 15 décembre 2020.
La Covid-19 entraîne une infection des voies respiratoires qui, dans la plupart des cas, se résorbe en quelques jours, voire quelques semaines, bien que des symptômes prolongés, tels que la fatigue, puissent se manifester. Certains patients peuvent également avoir une perte du goût et de l’odorat. Lorsque l’infection est très grave, elle peut entraîner une hospitalisation et la mort. Après guérison, certains patients peuvent encore souffrir de troubles pulmonaires, cardiaques ou neurologiques.
Pour l’instant, aucun traitement curatif n’a encore été trouvé. Mais dès le début de la pandémie, différents instituts de recherche et firmes pharmaceutiques du monde entier ont commencé à développer des vaccins. La Belgique a commandé 5 vaccins en concertation avec la Commission européenne. L’objectif est de vacciner au moins 70% de la population belge. La vaccination sera volontaire et gratuite pour chaque citoyen.
Cette importante campagne de vaccination peut susciter des questions, dont nous reprenons ci-dessous les plus fréquemment posées.
Comment ces vaccins ont-ils pu être développés aussi rapidement ?
Cela fait près d’un an que le coronavirus est apparu. Et les firmes pharmaceutiques ont déjà mis tout ce temps à profit pour se pencher sur l’élaboration d’un vaccin. En temps normal, le développement d’un vaccin se fait en plusieurs phases successives et cela peut prendre jusqu’à 10 ans avant qu’il ne soit commercialisé. Mais durant une pandémie, on ne peut pas se permettre d’attendre aussi longtemps car des millions de vie sont en jeu et les soins de santé et l’économie mondiale sont mis à mal. Durant l’élaboration du vaccin contre la Covid-19, les différentes phases de développement et d’évaluation ont été respectées mais elles ont été menées en parallèle et non pas de façon successive. Les mêmes exigences en matière de sécurité et d’efficacité ont été appliquées. Ce procédé, ainsi qu’un financement garanti et l’apport de moyens financiers provenant des secteurs publics et privés, a permis d’accélérer la procédure et de commencer la production des vaccins beaucoup plus rapidement. Comme il s’agit d’une priorité mondiale, les scientifiques du monde entier ont travaillé sans relâche en partageant régulièrement les résultats de leurs recherches. Cette collaboration, inédite lors de la conception d’un vaccin, a permis de développer les connaissances scientifiques beaucoup plus rapidement que d’habitude. De plus, comme le virus est largement répandu, les volontaires qui participent aux différents essais cliniques sont plus nombreux, ce qui permet d’avoir un échantillon plus large de personnes sur lesquelles on peut tester le vaccin mais aussi observer les éventuels effets indésirables. Tous ces éléments ont permis de développer plusieurs vaccins fiables en très peu de temps.
Quels sont les différents types de vaccins qui ont été commandés par la Belgique ?
La Belgique a commandé deux différents types de vaccins :
- Les vaccins à ARN messager : ils contiennent une molécule qui fournit l’information génétique nécessaire à la production des protéines contre lesquelles l’hôte doit s’immuniser. L’ARN messager est fabriqué en laboratoire car il est purement synthétique. Il n’a pas besoin de culture contrairement à d’autres vaccins qui peuvent nécessiter une base biologique. Il peut donc être produit très rapidement et de façon illimitée. L’ARN messager ne pénètre pas dans le noyau des cellules et donc ne modifie pas le patrimoine génétique.
- Les vaccins viraux : ils utilisent comme support un autre virus inoffensif pour que le système immunitaire développe des anticorps qui neutralisent cet antigène. Ils nécessitent plus de temps pour être produits mais les conditions de stockage sont plus aisées.
Il existe 5 vaccins appartenant à ces deux différents types et pour lesquels la Belgique a souscrit un accord d’achat :
- Pfizer/BioNTech : 5 millions de doses de ce vaccin à ARN messager ont été commandées, son taux d’efficacité serait de 95% mais il doit être stocké à une température de -75°C. Deux doses sont nécessaires et doivent être administrées à 21 jours d’intervalle. Ce vaccin a été autorisé au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a également donné son accord pour les pays européens. C'est le 1er vaccin à être utilisé en Belgique.
- Moderna : 2 millions de doses de ce vaccin à ARN messager ont été commandées, son taux d’efficacité serait de 94,5%. Deux doses sont nécessaires et doivent être administrées à 28 jours d’intervalle. L’EMA a donné son autorisation pour utiliser ce vaccin en Europe.
- Johnson & Johnson : 5 millions de doses de ce vaccin viral ont été commandées, son taux d’efficacité n’est pas encore connu et il peut être stocké dans un réfrigérateur ordinaire. Une ou deux doses sont nécessaires et la 2ème dose doit être administrée 56 jours après la 1ère dose. L’avis de l’EMA est attendu pour le printemps 2021.
- Astra Zeneca : 7,7 millions de doses de ce vaccin viral ont été commandées, son taux d’efficacité serait de 70% et il doit être stocké à une température comprise entre 2 et 8°C. Deux doses sont nécessaires et doivent être administrées à 28 jours d’intervalle.
- CureVac : 2,9 millions de doses de ce vaccin à ARN messager ont été commandées, son taux d’efficacité n’est pas encore connu, ni la façon dont il doit être stocké. Deux doses sont nécessaires et doivent être administrées à 28 jours d’intervalle.
Quelle est la durée de leur immunité ?
Par manque de recul, on ne connaît pas encore la durée de l’immunité de ces vaccins, ni si on devra se faire vacciner chaque année. Tout comme on ne sait pas si une personne vaccinée pourra transmettre le virus à une personne qui n’est pas vaccinée.
Ces vaccins provoquent-ils des effets indésirables ?
On a relevé de la fatigue, des maux de tête, des courbatures, des douleurs dans les articulations, ainsi que des rougeurs, des gonflements et des douleurs au niveau de la piqûre, surtout après la seconde dose. Ces effets sont fréquents après l’injection d’un vaccin. Ils ont été résolus sans hospitalisation et ont disparu après 2 ou 3 jours. Les risques d’effets secondaires étaient également moindres chez les personnes de plus de 55 ans.
Qui pourra se faire vacciner en priorité ?
La Belgique a commandé 22 millions de doses de vaccins et deux doses seront nécessaires pour la majorité des produits développés. Les groupes à vacciner en priorité seront :
1. Les résidents et le personnel des établissements d’hébergement pour personnes âgées (MR/MRS), suivis des institutions collectives de soins, en incluant les volontaires.
2. Les professionnels de soins de santé au sein des hôpitaux et les professionnels d’aide et de soins de santé œuvrant en 1ère ligne. Cette catégorie regroupe toutes les personnes qui sont à risque élevé de contamination en raison de contacts rapprochés avec des patients Covid-19, dans le cadre de leur activité professionnelle.
3. Les autres membres du personnel des hôpitaux et des services de santé incluant aussi les structures investies dans la prévention (par exemple, les centres de vaccination et les centres de dépistage du cancer, l’ONE et Kind en Gezin). Cette catégorie regroupe toutes les personnes qui sont à risque moindre de contamination dans le cadre de leur activité professionnelle.
4. Les personnes âgées de 65 ans et plus, soit indistinctement, soit par catégories d’âge descendantes selon la disponibilité des vaccins.
5. Les personnes de 45-65 ans avec des comorbidités spécifiques : obésité (BMI ≥ 30), diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, pulmonaires, rénales et hépatiques chroniques et malignités hématologiques jusqu'à 5 ans après le diagnostic et tous les cancers solides récents (ou traitements anticancéreux récents). La liste des comorbidités n’est pas arrêtée définitivement. Elle sera élargie si des preuves scientifiques mettent en évidence de nouveaux groupes à vacciner prioritairement.
6. Les personnes exerçant des fonctions sociales et/ou économiques essentielles, selon des critères qui seront définis plus précisément ultérieurement.
Comment va se passer la vaccination pour le reste de la population ?
En fonction de la disponibilité des vaccins, le reste de la population pourra commencer à se faire vacciner dans une deuxième phase. Il faudra sans doute environ un an pour que toutes les personnes qui le souhaitent soient vaccinées. Il est également conseillé aux personnes qui ont été contaminées par le coronavirus de se faire vacciner car on ne connaît pas encore avec certitude la durée de leur immunité. Par contre, les femmes enceintes et les enfants seront écartés de la vaccination dans un premier temps.
La vaccination permettra-t-elle de revivre normalement ?
Les vaccins permettent de protéger chaque individu mais aussi l’ensemble de la société à condition que suffisamment de personnes soient vaccinées. Il est d’ailleurs important de continuer à se faire vacciner contre toutes les autres maladies contagieuses surtout en période de pandémie. La vaccination contre la Covid-19 permettra de revivre un jour normalement mais pas tout de suite. 2021 devrait être une année de transition. La vaccination est importante pour la protection individuelle, mais ne permettra pas toute suite un retour à la liberté et à la vie sociale. La vaccination ne garantira pas tout de suite la suppression du virus ni le risque de contagiosité.
Entre temps, il est essentiel de continuer à respecter les gestes barrière, le port du masque et les règles d’hygiène.
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