Savez-vous ce qu’est un entomophage ? Pas d'idée ? Voici deux indices pour vous mettre sur la bonne voie.
Premier indice : notre question n’est pas piquée des vers.
Second indice : en grec ancien, entoma signifie insecte, alors que phàgos veut dire mangeur.
Vous l’aurez compris : l’entomophage est bel et bien un mangeur d’insectes. Et l'entomophage se délecte donc entre autres des vers de farine… piqués ou pas. Car oui : l’utilisation d’insectes comme alternative à la viande est une idée qui a de plus en plus le vent en poupe, dans les têtes et les assiettes. Et nos réticences culturelles occidentales – les insectes sont depuis longtemps inscrits au menu dans de nombreux pays, de l’Asie à l’Amérique en passant par l’Afrique - pèsent de moins en moins lourd au regard des avantages du régime alimentaire « Insectes admis ».
Face aux enjeux cruciaux que nous devons affronter aujourd’hui pour notre futur et celui de notre planète, l’intégration des insectes dans notre régime alimentaire a en effet tout de la solution miracle.
Insectes et alimentation : bon pour la planète et notre sécurité alimentaire
Pourquoi l’introduction d’insectes dans notre alimentation est-elle une bonne nouvelle pour l’humain et pour la terre ? Tout simplement parce qu’en remplaçant par exemple le steak pur bœuf par un hamburger de molitors (oui, oui, il s’agit bien du nom de code du ver de farine), on limiterait l’une des menaces découlant de la croissance démographique.
Car le constat est implacable : la population mondiale ne cesse d’augmenter. 2,6 milliards de terriens en 1950, 5 milliards en 1987, 7,7 milliards d’habitants aujourd'hui… et selon les projections 9,7 milliards en 2050 et 11 milliards en 2100.
Bien entendu, les besoins alimentaires de tout ce beau monde suivent la même courbe. Alors que dans le même temps les terres utilisées par l’agriculture ne sont pas extensibles. Et lorsque l’on sait que 70 % de ces terres sont déjà utilisées pour l’élevage et donc la production de viande, on comprend mieux l’ampleur du problème… d’autant plus que la consommation de viande par habitant est elle aussi en hausse dans des pays comme la Chine et l’Inde, ce qui rajoute une couche de plus à l’ampleur du défi.
Une double menace levée en mangeant des insectes ?
Cette hausse de la population et des besoins alimentaires constitue une double menace…
- Pour la sécurité alimentaire de la population mondiale. Sera-t-on capable de produire suffisamment d’aliments pour nourrir tout le monde ?
- Pour l’environnement. l’élevage d’animaux pour produire de la viande pèse déjà aujourd’hui lourdement sur les émissions globales de CO2. 14,5 % des émissions globales de gaz à effet de serre découlant de l’activité humaine proviennent du secteur de l’élevage. En pleine urgence climatique et alors que tous les efforts sont tournés vers une réduction drastique de ces émissions, notre terre est-elle capable de supporter une nouvelle croissance du secteur de l’élevage ?
Pour le FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, les choses sont claires : si rien ne change, il faut s’attendre à des pénuries de terres agricoles, d’eau, à une diminution des forêts, des poissons, des ressources de la biodiversité, des nutriments et des ressources non-renouvelables.
Toujours selon le FAO, les insectes comestibles sont précisément l'une des pistes permettant de sortir de ce cercle vicieux.
Insectes et alimentation : apports nutritionnels OK, pollution KO
Pourquoi les insectes vont-ils peut-être sauver le monde ? Tout d’abord parce qu’ils ont toutes les qualités nutritionnelles requises pour atterrir dans nos assiettes à la place de la viande : des protéines de haute qualité, mais aussi des vitamines et des acides aminés.
Dans le même temps, leur indice de consommation, c’est-à-dire le rapport entre ce qu’ils doivent consommer et la quantité de nourriture que l’on pourra en retirer est aussi plus favorable que pour la production de viande. Quelques exemples ? Il faut :
- 6 x moins de nourriture pour produire une même quantité de protéines avec des grillons qu’avec des bovins
- 4 x moins de nourriture pour produire une même quantité de protéines avec des grillons qu’avec des moutons
- 2 X moins de nourriture pour produire une même quantité de protéines avec des grillons qu’avec des ovins ou des porcs.
Et ce n’est pas tout : l’élevage d’insectes émet en prime moins de gaz à effet de serre et d’ammoniac (NH3). De plus, ces insectes comestibles peuvent être nourris avec des déchets organiques, avec donc un impact positif en termes de recyclage.
Des apports nutritionnels équivalents à ceux garantis par la viande classique et un impact environnemental bien moindre… On comprend mieux pourquoi le remplacement de la viande par des insectes a tout de la bonne idée !
3 espèces d’insectes admises dans notre alimentation en Belgique
Une fois ses préjugés surmontés, le consommateur va peut-être se poser une autre question avant d’être prêt à croquer du criquet : manger des insectes, est-ce toujours sûr à 100 % ?
Et sans surprise, la réponse à cette question est… Oui !
Un cadre légal strict pour les insectes comestibles
Car avant de se retrouver dans les étals de vos magasins préférés, tous les aliments que nous mangeons sont passés par un parcours strict d’approbation, géré entre autres par l’AFSCA.
À cette vérification minutieuse de l’AFSCA s’ajoute une couche supplémentaire de sécurité : un règlement européen classe dans la catégorie ‘Novel Food’ tous les produits alimentaires à base d’insectes, avec à la clé des contrôles poussés pour que nous soyons toujours sûrs de manger safe.
Que sont ces ‘Novel Food’ ? Comment leur nom l’indique, il s’agit de ‘nouveaux aliments’, à savoir ceux qui n’étaient pas utilisés en quantités significatives avant mai 1997 dans l’Union européenne. Et pour que ces nouveaux aliments puissent être mis sur le marché dans chacun des pays de l’UE, il faut depuis le 1er janvier 2018 qu’ils en aient reçu l’autorisation, une autorisation basée sur des critères de sécurité alimentaire.
Qui sont les insectes légalement comestibles en Belgique ?
L’AFSCA et le SPF Santé publique avaient en 2014 émis un avis permettant de commercialiser au rayon alimentation 10 espèces d’insectes. Pour autant qu’une demande ait été introduite, chacune de ces espèces pouvait continuer à être commercialisée après le 1er janvier 2018… ce qui a été fait aujourd’hui pour seulement 3 de ces 10 espèces, à savoir :
- les criquets
- les grillons
- les vers de farine, ou molitors.
Ce sont donc aujourd’hui ces 3 seules catégories d’insectes que l’on peut trouver chez les distributeurs belges d'alimentation.
Des idées de recettes ‘insectes’ pour surmonter nos réticences
« Beurk ! Moi, manger des insectes ? Jamais ! »
Voici probablement identifié en 5 mots l’un des principaux freins à l’adoption des insectes dans nos régimes alimentaires. Et pourtant, il est possible de dépasser ces blocages essentiellement culturels. Non seulement en rationalisant : visuellement, une crevette n’est pas plus ragoûtante qu’un grillon. Mais aussi parce qu’il existe mille et une façons d’intégrer les insectes dans de délicieuses recettes, comme on le voit par exemple dans cette vidéo.
Envie de franchir le pas ? On attend avec impatience vos retours d’expériences !