Personnes âgées : attention à la surconsommation de médicaments

20 mars 2019 / Prevention et soins - Maladies graves et chroniques , Medicaments

Si, aujourd’hui, de nombreux traitements permettent d’allonger l’espérance de vie, les seniors sont plus sensibles à la prise de médicaments, leur efficacité et les effets indésirables qui en résultent. Sans parler de la combinaison des médicaments entre eux.

Attention à la surconsommation de médicaments chez les personnes âgées

Selon les chiffres de l’INAMI, près d’un belge de plus de 65 ans sur cinq (19%) et près d’un sur quatre de plus de 75 ans (23%) fait usage d’un ou plusieurs médicament.s de manière chronique. Dans les maisons de repos, on observe chez les résidents une prise moyenne de 8 médicaments par jour, dont 88% sont à usage chronique.

L’usage de médicaments à long terme ou la combinaison de plusieurs d’entre eux peut entraîner des effets secondaires chez les seniors. Pour quelles raisons les personnes âgées devraient-elles mieux surveiller la prise de médicament et à quoi faut-il absolument être attentif ? Éléments de réponse dans cet article.

Le vieillissement des fonctions physiologiques

Le foie et les reins sont au ralenti

On ne s’en rend que trop peu compte, mais avec le vieillissement, les fonctions vitales sont ralenties. C’est donc tout l’organisme des personnes âgées qui fonctionne différemment. Comme c’est le cas pour la vision ou l’audition, le transit intestinal est moins efficace et le métabolisme est plus lent. Le foie, en charge de l’absorption et les reins, qui ont pour fonction l’élimination des déchets, tournent eux aussi au ralenti. Les effets sur l’efficacité du médicament sont alors une moins bonne et/ou une plus lente absorption des molécules. Quant aux effets indésirables, ils peuvent être liés à l’accumulation de substances actives, qui sont moins bien éliminées et peuvent s’avérer toxiques si elles sont stockées en quantité.

La composition du corps change

Une autre conséquence inévitable de l’âge, c’est que le corps évolue. Il est constitué de plus de graisses et de moins d’eau qu’un corps adulte. Certaines substances restent alors plus longtemps présentes dans le corps, avec une prolongation possible des effets du médicament.

Posologie adaptée

C’est pour toutes ces raisons qu’il faut être vigilant quant à la posologie prescrite à un patient en âge avancé. Une dose pour un adulte d’âge moyen peut être trop importante pour une personne âgée. On pense notamment aux somnifères, dont l’effet peut être prolongé pendant la journée, entraînant ainsi un état constant de somnolence pouvant mener à des troubles du sommeil ou, pire, des accidents durant la journée.

La multiplication des maux et des traitements

Une comorbidité importante

La coexistence de plusieurs troubles, physiques ou mentaux, est fréquente chez les personnes âgées et certaines maladies peuvent agir sur l’efficacité des médicaments. Par exemple, une mauvaise fonction cardiaque implique une mauvaise répartition du sang dans le corps et donc des médicaments qu’il est supposé amener au bon endroit.

Les traitements de longue durée

Plus on vieillit, plus les maladies chroniques apparaissent et avec elles, les traitements de longue durée (diabète, arthrose, hypertension,...). Cela arrive fréquemment qu’on reçoive alors une ordonnance ‘à rallonge’ pour des somnifères, des anxiolytiques ou des antidépresseurs. Ces médicaments qui sont pris en permanence et par habitude, sont parfois oubliés par le patient lui-même lorsqu’il doit énumérer les traitements qu’il prend déjà en vue d’une nouvelle prescription.

La polymédication et les risques d'interaction

Il y a vraiment un risque d’interaction médicamenteuse lorsqu’on prend différents traitements simultanément. Le premier risque, c’est celui de l’inefficacité, mais cela peut également se traduire en intoxication médicamenteuse, tant certains cocktails peuvent s’avérer dangereux.

L'importance d'un suivi médical

Il faut donc que le médecin tienne compte de l’état général d’un patient et de la médication existante avant de lui administrer un traitement supplémentaire, en évitant ainsi les associations déconseillées voire contre-indiquées. Voilà pourquoi il est important d’être suivi par un médecin traitant, qui rassemblera tous les antécédents dans un DMG (Dossier Médical Global) et pourra prescrire les traitements adaptés. Si vous consultez un nouveau médecin ou demandez conseil à votre pharmacien, mentionnez toujours tous vos problèmes de santé et vos traitements, sans exception. Enfin, l’automédication est à éviter. Mieux vaut voir un médecin et demander une prescription médicale, pour limiter les risques d’interaction dangereuse. Lorsqu’il y a risque d’interaction entre deux traitements que vous devez prendre, le médecin évalue les bénéfices et les risques, qui, pour un même médicament, ne seront pas les mêmes d’un patient à l’autre.

Les médicaments "à risque" et leurs dangers

L'iatrogénèse médicamenteuse

Tous les traitements peuvent potentiellement provoquer des effets indésirables, c’est-à-dire provoquer de nouveaux symptômes, distincts de ceux qu’ils sont censés soigner. Ces effets peuvent survenir lors de la prise correcte du médicament, ou suite à un mauvais usage, un oubli ou une interaction avec un autre traitement, sans qu’il y ait eu d’erreur de prescription. C’est ce que l’on appelle l’iatrogénèse médicamenteuse.

La population âgée est plus sensible aux effets ou accidents iatrogènes, pour différentes raisons, déjà évoquées plus haut :

  • la polymédication,
  • l'altération des fonctions hépatiques et rénales,
  • le déclin de la mémoire, qui favorise l'oubli ou le surdosage lors de la prise du médicament.

On estime à 10% le nombre d’hospitalisations liées à l’iatrogénèse chez les personnes âgées (+65 ans) et le pourcentage augmente avec l’âge.

Quels médicaments pour quels effets indésirables ?

Parmi les plus souvent cités pour les risques inhérents à leur prise, on retrouve :

  • Les benzodiazépines.
  • Un tiers des personnes de plus de 65 ans en consommeraient. Souvent prescrits comme somnifères, ils sont connus pour accélérer le déclin cognitif et provoquer des chutes. En cause, leur élimination trop lente par le corps. Or, les vrais problèmes de sommeil sont rares chez les séniors et les benzodiazépines ne devraient être prescrits seulement pour le traitement de l’anxiété.

  • Les anticholinergiques
  • Une étude révélée par le Journal of the American Geriatrics Society a mis en relation la consommation importante et prolongée de certains médicaments et une mortalité augmentée chez les sujets. Les substances anticholinergiques agissent sur le système nerveux en bloquant l’acétylcholine, un neurotransmetteur important dans la mémoire ou l’activité musculaire, entre autres. La consommation de cette substance, présente dans de nombreux médicaments régulièrement prescrits, favoriserait un déclin cognitif, des troubles de la vision, de la mémoire ou de l’équilibre, une faiblesse musculaire… Le tout pouvant entraîner des chutes et augmenter la mortalité des personnes âgées.

  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
  • Prescrits contre la douleur, souvent liée à l'arthrose ou pris en automédication, les AINS sont agressifs pour l'estomac. Pris sur le long terme, ils peuvent provoquer une hémorragie intestinale et, dans de plus rares cas, une insuffisance rénale.

  • Les diurétiques
  • Pouvant provoquer une déshydratation rapide, les conséquences sont d’autant plus graves s’ils sont pris en même temps que les AINS car une insuffisance rénale peut survenir. C’est pourquoi il est important de révéler vraiment tout ce que vous prenez à votre médecin.

On parle ici des médicaments les plus souvent mis en cause, ce qui ne veut pas dire que les autres ne sont jamais dangereux. Il faut être prudent également lors de la prise de traitements contre l’hypertension, d’anti-coagulants, d’antidépresseurs, de morphiniques,... Cette liste n’étant évidemment pas exhaustive. N’hésitez pas à en parler à votre médecin.

Des effets indésirables qui pourraient être évités ?

Chutes, hémorragies, déclin cognitif, insuffisance rénale, accidents, fracture de la hanche, confusion, crise de délire, hospitalisations, décès… Une longue liste d’effets indésirables qui font peur. L’âge et la polymédication, entraînant l’interaction médicamenteuse, jouent un rôle prépondérant dans l’apparition de ces effets. Il convient alors toujours de mettre en balance les bénéfices et les risques d’un médicament avant de le prescrire. Trop de médicaments qui sont déconseillés aux personnes âgées sont encore prescrits. Parlez-en à votre médecin si nécessaire, il pourra vous aiguiller vers un traitement alternatif ou mieux conjuguer les traitements actuels.

En résumé

A quoi faut-il alors être attentif concernant la médication des seniors ?

  • Avoir un DMG chez un généraliste est primordial. Pensez aussi à tout lui dire. Lorsque vous consultez des spécialistes, faites part à votre médecin traitant des médicaments prescrits, de leur dosage et de la longueur du traitement. De même, si vous avez recours à l’automédication, il doit en être informé.
  • Évitez justement l’automédication. Demandez une prescription médicale pour chaque médicament.
  • Respectez la posologie et le délai du traitement prescrits par le médecin.
  • Attention aux oublis et au surdosage. Si vous avez tendance à oublier ou à vous tromper, utilisez un pilulier que vous remplissez d’avance et programmez des alarmes sur votre téléphone mobile.
  • N’hésitez pas à demander à votre médecin une réévaluation des différents traitements combinés. Certains peuvent être arrêtés ou remplacés si vous ressentez trop d’effets néfastes.

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