En 2012, la Belgique a pris de nouvelles mesures pour stimuler la consommation de médicaments dits "bon marché". Parmi ces mesures, citons la promotion des médicaments génériques ou l’obligation pour le pharmacien de délivrer un médicament appartenant au groupe des médicaments les moins chers lors de la prescription en DCI*. Ces mesures ont-elles influencé le comportement de prescription ? C’est ce que les Mutualités Libres ont analysé dans leur dernière étude.
Des progrès mais… modestes
Bonne nouvelle : trois ans après le lancement de ces nouvelles mesures en faveur des médicaments moins chers, la Belgique enregistre une hausse significative des prescriptions de génériques ou copies. En 2015, ces médicaments représentaient en effet 30% de l’ensemble des prescriptions, alors qu’en 2012, ce taux était de 24%. Cependant, la part des génériques en Belgique reste toujours très faible comparée aux pays voisins : en Allemagne, elle s’élève à 80%, aux Pays-Bas à 70% (OCDE, 2015).
La prescription de médicaments en DCI a, quant à elle, légèrement progressé : elle représentait 9% en 2015 contre 8 % en 2012. Mais là encore, les résultats de notre pays restent modestes en comparaison avec l’Allemagne (35%) ou la France où la prescription en DCI est devenue obligatoire.
Prescrire des médicaments de marque alors qu’il existe des alternatives moins chères reste une pratique encore très courante en Belgique. Une tendance que l’on observe beaucoup pour les médicaments du système nerveux central, essentiellement les antidépresseurs (1 prescription sur 2) et les médicaments du système cardiovasculaire, essentiellement les antihypertenseurs (1 prescription sur 3). Dans la plupart des autres groupes de médicaments pour lesquels des alternatives existent, la prescription de médicaments de marque représente 1 cas sur 4.
Elargir le droit de substitution du pharmacien
La Belgique a progressé dans la prescription de médicaments bon marché, mais force est de constater que notre pays est encore loin de figurer au rang des bons élèves européens. Pour les Mutualités Libres, des efforts restent à faire pour stimuler la prescription des médicaments moins coûteux. Pourquoi ? Parce que l’économie qui pourrait être dégagée est substantielle : 150 millions d’euros si les médicaments de marque qui ont une alternative étaient tous remplacés par des génériques ou des copies ! Et pour les patients aussi, l’économie serait significative : 55 millions d’euros. L’argent épargné par la sécurité sociale pourrait être investi pour améliorer l’accès aux médicaments innovants, souvent très coûteux.
Pour les Mutualités Libres, la proportion de médicaments prescrits en DCI est encore trop faible et peut augmenter, par exemple en imposant un pourcentage minimum obligatoire de prescriptions en DCI. Cette obligation existe déjà pour la prescription bon marché, les médecins belges étant tenus d’en prescrire 60% depuis 2017.
Par ailleurs, le droit de substitution** par le pharmacien pourrait être élargi à d’autres classes de médicaments. Actuellement, cette substitution n’est obligatoire que pour les antibiotiques et les antimycotiques.
Pour stimuler la prescription de médicaments bon marché, les médecins pourraient être incités à débuter un traitement chronique par un médicament bon marché par exemple.
Enfin, les Mutualités Libres rappellent que le pharmacien a un rôle à jouer en informant correctement les patients sur le coût de leur traitement et sur les alternatives meilleur marché.
*Dénomination commune internationale : procédé par lequel le médecin inscrit le nom de la molécule sur l’ordonnance et non plus celui de la marque du médicament.
**Ce droit permet au pharmacien de remplacer un médicament prescrit par un médicament moins cher mais contenant la même substance active, au même dosage, avec la même efficacité.